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« Joe Biden peut-il opérer une remontée surprise dans l’électorat américain comme Harry S. Truman le fit en 1948 ? »

Au printemps 1948, l’avenir électoral du démocrate Harry S. Truman s’annonce mal. Il assurait la présidence des Etats-Unis depuis la mort en avril 1945 de Franklin D. Roosevelt dont il était le vice-président. Truman était candidat pour le scrutin de novembre 1948 – un candidat mal parti : popularité dans les profondeurs abyssales du « hit-parade » politique ; pas une étude d’opinion pour le donner vainqueur du postulant républicain, Thomas Dewey. Le parti de l’âne – démocrate – déprimait.
A contrecœur, la convention, réunie en août à Philadelphie, finit par accorder son imprimatur à Truman. Et là, miracle ! Alors que les télévisions filment pour la première fois pareille manifestation politique, le démocrate prononce un discours d’acceptation qui va changer le profil de la campagne. Brillant, festif, le candidat part à la bataille avec plaisir. Il dessine une ambition intérieure et extérieure généreuse pour une Amérique qui apprend à assumer son statut de superpuissance dans la guerre froide naissante.
Ce fut le déclic, le début d’une remontée dans l’estime de l’électorat démocrate, dit le professeur Michael Beschloss, éminent historien de la présidence américaine. Et le jour du vote, le 2 novembre 1948, à la surprise des professionnels du pronostic politique, le damné des sondages l’emporta. « Truman a toujours été sous-estimé », poursuit Beschloss, qui ajoute : « Joe Biden aussi. »
Interrogé par la chaîne MSNBC, l’historien dresse une comparaison. Le puissant discours sur l’état de l’Union prononcé par Joe Biden jeudi 7 mars devant le Congrès sera peut-être pour lui ce qu’a été pour Truman l’intervention délivrée devant la convention de Philadelphie en 1948 – le début de la remontada.
Même confiance en soi, même sens du bon mot, même aptitude à dresser des perspectives optimistes : avec Biden à la Maison Blanche, la démocratie ne sera pas dégradée aux Etats-Unis (un des objectifs de Trump) ; l’Amérique n’abandonnera pas l’Ukraine (comme le promet le candidat républicain) ; la réindustrialisation du pays va se poursuivre, mais aussi la lutte contre le réchauffement climatique.
81 ans, certes, pas moyen d’y échapper. Mais fragile, cherchant ses mots, ayant des trous de mémoire, frôlant la chute dès qu’il a trois marches à monter par gros temps ? Ce fut tout le contraire. Biden affichait, ce jeudi-là, une parfaite maîtrise des dossiers, un punch oratoire à revendre, et tout, dans la gestuelle comme dans le propos, était destiné à montrer le contraste de cette candidature avec celle du promoteur à la casquette rouge. Celui-là est le candidat « de la colère, du ressentiment, de la haine, de l’esprit de revanche », autant de « valeurs » dans lesquelles, a jugé le président Biden, l’Amérique ne se reconnaîtra pas le jour de l’élection (le 5 novembre).
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